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mercredi 1 avril 2020

MAROC 2020 ~ Duo a capella avec un Bruant du SAHARA





Si vous vous êtes promenés dans le Sud du Maroc, vous avez peut-être croisé le TIBIBT, bruant striolé appelé aussi bruant du Sahara ou de Marrakech. Avez-vous osé faire un duo a capella avec lui? Moi, oui, yes, eyhé, si señor !!! Et ce n'est pas un poisson d'Avril, la preuve en 45 secondes, en cliquant illico sur le lien ci-dessous. Bel Avril mes très chers, gardons confiance dans la tourmente et essayons d'être heureux un peu...

6 commentaires:

Céline a dit…

Bonsoir Prince du Désert et de la Mer,

Merci de toujours nous apaiser par tes mots et tes images éclatantes de vie
Les jours défilent, une certaine routine nous engluerait presque ...
Je rêve de me rouler dans l’herbe verte ou plonger toute habillée dans la grande bleue !
Rien ne dit que je ne le ferai pas le moment venu :)
Continue de nous faire rêver ….
Beau périple, Voyageur de l'infini
Celine

Joëlle a dit…

Petit matin finalement routinier, on essaie de ne plus trop écouter les nouvelles afin de ne pas se plomber davantage. Le printemps s'affirme dans un air aigrelet et le silence d'un immeuble qui semble inhabité.Les tourterelles me réveillent, puis c'est le tour d'un couple de corbeaux, et le soir je regarde deux hérons qui rentrent lentement se coucher au zoo Lunaret. Chaque jour, une marche d'une heure, et chaque jour les arbres sont davantage frisés de verdure. La Nature reste le vrai réconfort, mais on se sent "puni" de ne pas pouvoir en profiter davantage. Autre consolation : les livres, bien sûr! Lire est le meilleur dérivatif qui soit, et, si je me tiens au courant succinctement des nouvelles de notre monde malade, je zappe la plupart du temps les débats de gens qui ont toujours la conviction qu'il aurait fallu faire ceci ou cela, etc: en général de beaux parleurs qui m'horripilent. Facile de tout critiquer... Voilà, je me demande, Thierry, si tu as la radio ? J'en profite ici pour saluer Agnès et Jeannot, deux fidèles de ton blog et dont j'ai des nouvelles par Maman. Je n'ai pas encore écrit, comme promis, à Catherine, mais, pour moi, le temps de l'écriture est remis à plus tard, c'est plus fort que moi... Bon début d'Avril à tout le monde, plus particulièrement à toi qui nous emmène "ailleurs", régulièrement. Je t'embrasse mon Tiof!!!

Joëlle a dit…

Le recopiage de la Lettre de YASMINA KHADRA, magnifique écrivain découvert il y a 3 ans , n'est pas passé. Je me contente donc de mettre ici le lien qui permet de la lire :
https://www.google.com/search?q=lettre+de+yasmina+khadra+ce+matin+sur+france+inter&rlz=1C1CHBF_frFR792FR792&oq=l&aqs=chrome.0.69i59l3j69i57j69i60l4.2380j0j7&sourceid=chrome&ie=UTF-8

thierry.tiof a dit…

Merci ma chère Joëlle. Ton lien n'est pas actif, je retranscris cette belle lettre de Yasmina Khadra ici : ""la Lettre de YASMINA KHADRA, écoutée ce matin sur France Inter:
Paris, le 2 avril 2020.
Ma chère petite maman,
Depuis quelques jours, je suis confiné chez moi à cause du coronavirus. L’enfermement est devenu une habitude, pour moi. Je sors rarement. Le temps parisien ne se prête guère à un enfant du Sahara qui ne reconnaît le matin qu’à sa lumière éclatante et qui a toujours rangé la grisaille du côté de la nuit.
Je suis en train de terminer un roman — le seul que j’aurais aimé que tu lises, toi qui n’as jamais su lire ni écrire. Un roman qui te ressemble sans te raconter et qui porte en lui le sort qui a été le tien.
Je sais combien tu aimais la Hamada où tu adorais traquer la gerboise dans son terrier et martyriser les jujubiers pour quelques misérables fruits. Eh bien, j’en parle dans mon livre comme si je cherchais à revisiter lieux qui avaient compté pour toi. Je parle des espaces infinis, des barkhanes taciturnes, des regs incandescents et du bruit des cavalcades. Je parle des héros qui furent les tiens, de Kenadsa et de ses poètes, des sentiers poussiéreux jalonnés de brigands et des razzias qui dépeuplaient nos tribus.
C’est toi qui m’as donné le courage de m’attaquer enfin à cette épopée qui me hante depuis des années. Je craignais de n’avoir pas assez de souffle pour aller au bout de mon texte, mais il a suffi que je pense à toi pour que mes peurs s’émiettent comme du biscuit.
Chaque fois que j’emprunte un chapitre comme on emprunte un passage secret, je perçois une présence penchée par-dessus mon épaule. Je me retourne, et c’est toi, ma maman adorée, ma petite déesse à moi. Je te demande comment tu vas, Là-haut ? Tu ne me réponds pas. Tu préfères regarder l’écran de mon ordi en souriant à cette écriture si bien agencée dont tu n’as pas les codes. Je sais combien tu aimes les histoires. Tu m’en racontais toutes les nuits, autrefois, lorsque le sommeil me boudait. Tu posais ma tête sur ta cuisse et tu me narrais les contes berbères et les contes bédouins en fourrageant tendrement dans mes cheveux. Et moi, je refusais de m’assoupir tant ta voix était belle. Je voulais qu’elle ne s’arrête jamais de bercer mon âme. Il me semblait, qu’à nous deux, nous étions le monde, que le jour et la nuit ne comptaient pas car nous étions aussi le temps.

thierry.tiof a dit…

Deuxième partie de la Lettre de Yasmina: ""C’est toi qui m’a appris à faire d’un mot une magie, d’une phrase une partition et d’un chapitre une saga. C’est pour toi, aussi, que j’écris. Pour que ta voix demeure en moi, pour que ton image tempère mes solitudes. Toi qui frisais le nirvana lorsque tu te dressais sur la dune en tendant la main au désert pour en cueillir les mirages ; toi qui ne pouvais dissocier un cheval qui galopait au loin d’une révélation divine, tu te sentirais dans ton élément dans ce roman en train de forcir et tu ferais de chacun de mes points d’exclamation un point d’honneur. Comment oublier l’extase qui s’emparait de toi au souk dès qu’un troubadour inspiré se mettait à affabuler en chavirant sur son piédestal de fortune ?
Pour toi, comme pour Flaubert — un roumi qui n’était ni gendarme ni soldat, rassure-toi — tout était vrai. Etaient vraies les légendes décousues, vraie la rumeur abracadabrante, vrai tout ce qui se disait parce que, pour toi, c’était cela le pouls de l’humanité. Quand il m’arrive de retourner à Oran, je vais souvent m’asseoir à notre endroit habituel et convoquer nos papotages qui se poursuivaient, naguère, jusqu’à ce que tu t’endormes comme une enfant.
C’était le bon vieux temps, même s’il ne remonte qu’à deux ans — deux ans interminables comme deux éternités. Nous prenions le frais sur la véranda, toi, allongé sur le banc matelassé et moi, tétant ma cigarette sur une marche du perron, et nous nous racontions des tas d’anecdotes en riant de notre candeur. Tu plissais les yeux pour mieux savourer chaque récit, le menton entre le pouce et l’index à la manière du Penseur.
Mon Dieu ! Que faire pour retrouver ces moments de grâce ? Quelle prière me les rendrait ? Mais n’est-ce pas dans l’ordre des choses que de devoir restituer à l’existence ce qu’elle nous a prêté ? On a beau croire que le temps nous appartient, paradoxalement, c’est à lui que revient la tâche ingrate de séparer à jamais ceux qui se chérissent. Ne reste que le souvenir pour se bercer d’illusions. Ma petite maman d’amour, depuis que tu es partie, je te vois dans toute grand-mère ? Qu’elles soient blondes, brunes ou noires, il y a quelque chose de toi en chacune d’elles. Si ce ne sont pas tes yeux, c’est ta bouche ; si ce n’est pas ton visage, ce sont tes mains ; si ce n’est pas ta voix, c’est ta démarche ; si ce n’est rien de tout ça, c’est l’émotion que tu as toujours suscitée en moi.
Et pourtant, partout où je vais, même là où il n’y a personne, c’est toi que je vois me faire des signes au fond des horizons. Tantôt étoile filante dans le ciel soudain triste que tu lui fausses compagnie, tantôt île de mes rêves au milieu d’un océan de tendresse aussi limpide que ton cœur, tu demeures mon aurore boréale à moi. Si je devais un jour te rejoindre, maman, je voudrais qu’il y ait une part de nous deux dans tout ce qui nous survivrait. Puisque seul l’amour sait nous raconter à ceux qui savent écouter.
Yasmina Khadra""
Patience et confiance dans l'adversité. Des grosses bises et belle nuit.

thierry.tiof a dit…

PRINCE du Désert !!! Me voilà vraiment flatté chère Céline. Je sais qu'un peu plus au Nord, les sables de Cap Juby ont inspiré "Le Petit Prince" à Antoine de Saint-Exupéry. Mais c'était en 1943, j'avais "moins 10 ans" (- 10 ans) et sauf prémonition, je n'ai pas pu inspirer Saint-EX!!! Ce qui ne m'empêchera pas de rêver peut-être cette nuit que je suis Le Prince du Désert. Grâce à toi. Merci Céline, veille bien sur toi, bises et à bientôt.